lundi 9 août 2010

Do you speak globish ?


Un mois à New York. Plein les yeux, plein les pieds aussi. Un début de routine, métro Uptown et Downtown, le salut de quelques voisins et commerçants du quartier quand je vais acheter le journal ou mes pancakes préférés.
Et une impression qui s'affirme de jour en jour : personne ne parle anglais ici. En tout cas, personne ne parle le même anglais. Mais tout le monde finit par se comprendre, ce qui tombe plutôt bien quand on possède comme moi trois mots de vocabulaire. A ce rythme-là, je parlerai moins bien anglais en rentrant que quand je suis partie. Mais je deviens forte en "globish", ou "global english", une sorte de sabir composé des mots de base et de quelques expressions idiomatiques.
Pour vous donner un exemple de mes progrès flagrants, en arrivant, dans la rue je demandais : "Excuse-me, can you tell me which side is the Hudson river, please ?" (pour les encore plus nuls que moi, ça devrait vouloir dire : "Excusez-moi, de quel côté est l'Hudson river s'il vous plaît?")
Ce à quoi on me répondait : " This way" ou " On the right" ou "Straight away".
Sur ce, j'enchaînais par un " Thank you" débordant de gratitude. Et mon interlocuteur (trice) terminait par " You're welcome".

Aujourd'hui, ça donne :
" Euh... Hudson river ?
- This way
-Thanks
- You're welcome"
Vous aurez noté l'appauvrissement pathétique de mes répliques, et la présence récurrente du " You're welcome". Ce "pas de quoi", ou "de rien" est indispensable pour se faire bien voir ici. D'ailleurs voici une des conversations-type que je maîtrise le mieux :
" Excuse-me...
- Sorry !
- You're welcome"

Encore plus court:
" Oh sorry !
-You're welcome"

Partant du principe que les New Yorkais viennent de tous les pays du monde et que même un gars du Bronx ne comprend pas forcément ce que dit un gars de Staten Island, la stratégie de survie consiste, à mon niveau, à repérer les mots-clefs dans la bouillie souvent exotique que me sert la personne en face. Exemples :

- " Doyawennwoswabagfjodself?" à la caisse d'un magasin signifie certainement qu'on vous propose un sac pour mettre vos affaires.

- "Doyawanaséprette?" avec mouvement de main peut vouloir dire, si vous êtes plusieurs à passer à la caisse, " est-ce que vous voulez des notes séparées?". Si vous êtes seul, aucune idée...

- "Ariouvuoipjweanmemberanitcardrouglown?" Toujours à la caisse,on vous demande si vous avez une carte de membre du magasin ; c'est bon signe, vous commencez à vous fondre dans le décor.

- "Américanechédasouissebloutchise?" Facile ! Vous êtes en train de commander un plat typique dans un restaurant-enfin, un burger dans un fast-food quoi- et le serveur vous demande QUEL FROMAGE vous voulez, dans un seul souffle : du plus insipide au plus fort en goût, american, cheddar, swiss (le plus proche du gruyère) ou blue cheese ("bleu" surement pas d'Auvergne).
En revanche j'ai encore quelques lacunes sur les "dressings", les sauces qu'on vous propose quand vous choisissez une salade. Au pif, prenez la blanche, c'est généralement à la crème et pas trop relevé.

Mais je pense que je serai au top quand je comprendrai les messages diffusés dans le métro le week-end. Car ici, le samedi et le dimanche, les rames du subway vivent leur vie sans s'occuper des passagers, s'arrêtent là où elles ne devraient pas, passent tout droit à l'arrêt principal ou empruntent carrément une autre ligne. Il y a des papiers affichés un peu partout pour signaler les changements mais ils sont totalement incompréhensibles. Alors, la différence se fait quand l'annonce survient. Il y a ceux qui, soudainement, se ruent hors du train. Et il y a les autres, pauvres touristes ou immigrés élevés au globish, qui hésitent entre suivre ceux qui savent et rester assis là, au cas où.
Il me reste trois semaines pour apprendre à bondir sur le quai...

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