mardi 31 août 2010

Go Yankees !





Je jure que de toute ma vie je n'ai jamais mis un pied dans un stade pour suivre un match de quoi que ce soit. Même quand j'étais journaliste.
Et me voilà, avec mon tee-shirt des Yankees et ma casquette des Yankees, hurlant dans le Yankee stadium au premier homerun venu. Il y en a eu plusieurs ce soir-là et les Yankees ont battu les Athletics d'Oakland 11 à 5.
Je suis en train de devenir une fan de baseball. Encore un truc qui va être bien utile en France, sur mon CV.
Je ne sais pas si on peut comparer le baseball au football européen (ici on dit "soccer"). C'est le jeu auquel tout le monde joue, le jeu du peuple, plus que le football américain ou le basket. Mais à part ça...

Les Américains organisent des World series de baseball ; des championnats du monde des Etats-Unis en fait, vu que hors frontières, seuls les Blue Jays de Toronto y participent. Alors pour corser un peu l'affaire, il existe deux ligues "majeures", l'American league et la National league. Ce sont les meilleurs de chacune des ligues qui s'affrontent pour le titre suprême.
Les Américains aiment les hymnes. Un match commence invariablement par l'hymne américain et tout le stade est debout, la main sur le coeur. Et c'est bien comme ça. Au milieu du 7e inning (manche), c'est le moment de "God bless America" et tout le stade se remet debout, toujours la main sur le coeur et c'est toujours bien comme ça, avant l'hymne officiel du baseball, une sorte de chanson à boire sympatoche et bon enfant. Je crois me rappeler qu'on a eu droit aussi à un bout de "YMCA" des Village People. Et quand la partie est finie, tout le stade debout (60 000 personnes) se vide au son du " New York New York" de Sinatra.
J'en déduis que pour les Américains, le baseball est un mélange de patriotisme, de ferveur, de partage et de fête. Les matchs de foot ont dû être comme ça à une époque ; il y a longtemps...

Les Américains aiment que les choses soient claires et nettes. On peut venir au stade et ingurgiter autant de litres de bière qu'on peut, mais au premier débordement, c'est un aller simple vers la sortie, sans discussion. Ca vaut aussi pour les insultes. Du coup, les spectateurs ne voient pas trop l'intérêt de se faire remarquer par le service de sécurité, discret mais apparemment très efficace.
Dans cette ambiance de kermesse de village - un grand village - les Américains vivent leur vie. Ils se lèvent pour aller se ravitailler en boissons ou en hot-dogs dans les contre-allées, ils discutent de tout et de rien, ils espèrent se voir sur l'écran géant pendant les coupures pub. Ils ont 6 ans et entraînent toute une tribune dans des "hip hip hip" en l'honneur de leur joueur favori. Ils ont 75 ans et fêtent leur anniversaire de mariage avec tout le stade. Ils ont 30 ans et sont venus enterrer la vie de garçon de leur copain. Ils sont des "elles", qui crient aussi fort que les mecs quand leur équipe marque un point. Ils sont blancs, noirs, jaunes, rouges, bleus, verts et le baseball fait partie de ce qu'ils sont.

Si on n'a pas grandi ici, on peut approcher le baseball, le respirer, le comprendre, l'apprécier voire l'aimer, mais je ne sais pas si on peut juste le vivre.
Je sens bien qu'il y a du marketing là-dedans. Et le dopage n'épargne pas les joueurs de baseball. Mais les Yankees, pour parler d'eux, construisent une légende décennie après décennie, où la mythologie se mélange à l'histoire. Etre un Yankee, c'est avoir un rôle à jouer dans la société. C'est donner les consignes de sécurité dans le stade sur le grand écran, c'est parrainer une association caritative, c'est porter toute la fierté des New Yorkais et c'est accepter d'être interdit de chocolat par le coach.
En 1939, Lou Gehrig, joueur immense mais éclipsé par le charisme de Ruth Babe puis de Joe di Maggio, dut prendre la décision d'abandonner sa carrière. Il avait découvert qu'il souffrait d'une maladie nerveuse dégénérative incurable. Le 4 juillet de cette année, il prononça un discours d'adieu devant un stade bondé : " Yet today, I consider myself the luckiest man on the face of the earth". Il se considérait comme l'homme le plus chanceux de la terre, parce qu'il avait été un Yankee pendant 17 ans. Il mourut en 1941. Dès 1942, Hollywood s'empara de ce scénario en or massif et en fit " The pride of the Yankees", avec Gary Cooper dans le rôle de Gehrig. Je le visionne dès mon retour en France.

On peut voir dans tout ça une exaltation exagérée pour un jeu incompréhensible et ennuyeux. Ou on peut se dire que le baseball coule dans les veines des Américains et on comprend pourquoi la mort du boss des Yankees, George Steinbrenner, le 13 juillet, a fait la Une ici pendant plusieurs jours. Et pourquoi j'ai essayé, gauchement, de vous parler dans cette chronique d'un sport qui est bien plus qu'un sport.

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