dimanche 5 septembre 2010

It's a beautiful day to die


Allez, je sais, c'est triste, mais il va falloir tuer ce blog, en tout cas le plonger dans un coma artificiel. Je ne peux pas le laisser en souffrance comme ça, ce serait inhumain. J'aurais voulu prolonger un peu sa vie, mais peine perdue, la nostalgie commence déjà à s'immiscer dans mes propos. Mes chroniques new yorkaises étoufferaient ici ; elles manqueraient d'air, leurs couleurs pâliraient. Si j'essaie de les entretenir, d'ici peu elles vont se mettre à faner. Je ne veux pas que vous voyez ça.

Merci à vous tous et toutes qui avez fait l'effort rendre visite à ce blog durant tout l'été. Vous l'avez vu naître, grandir, j'espère que vous l'accompagnerez aussi dans ses derniers moments. Si certain(e)s envisagent un voyage à New York et ont des questions, qu'ils (elles) me laissent un commentaire ou un mail, si j'ai une réponse à leur apporter ce sera avec plaisir.

Je ne pourrai jamais assez remercier Jacques et Anouk de m'avoir donné l'opportunité de passer près de deux mois à New York, au coeur de Harlem. Jacques, si tu n'écris pas sur New York, qui le fera ? Gros bisous à Lou, Anastasia et Maureen. Gratouilles à Malcolm.

J'ai retrouvé mes rues pavées, mes pains au chocolat, mes congénères peu aimables, une France en crispation et je ne sais que faire de tout cela. La pluie et le mauvais temps sont annoncés pour mardi. Jacques, je pense échapper-pour l'instant- au syndrome de Stendhal, mais le blues pourrait faire rapidement son apparition, à l'évocation des jours heureux passés dans cette ville à la fois divine et infernale.

Toujours en peine avec l'informatique et ses mystères, j'abandonne pour aujourd'hui l'idée de créer un album photos sur internet. Mais quelques âmes charitables sont prêtes à m'aider ; peut-être qu'après le dernier paragraphe de cette dernière chronique, un post scriptum vous livrera, dans quelques jours, le lien virtuel vers mes vacances enchantées.

J'espère que cette parenthèse n'en était pas une et que le cours de ma vie a simplement commencé à prendre une autre orientation depuis New York, la ville de tous les possibles.
Si tel est le cas, je ne doute pas que nous nous recroisons bientôt, sur le web ou ailleurs...

jeudi 2 septembre 2010

Déchirure


Retour. Froid. Perdue. Peur.
Au moment d'embarquer jeudi soir, la play liste dans mon i-pod a lancé les Clash. "Should I stay or should I go?". J'ai failli faire demi-tour et monter dans un taxi direction Harlem, cheveux aux vent, comme dans les films américains. Je serais devenue résidente en situation irrégulière, j'aurais vécu de petits boulots payés au noir dans un pays rongé par la crise mais où tous les possibles restent envisageables.
Et puis je suis montée dans l'avion, je n'ai pas dormi, j'ai écouté mes compatriotes ronchonner sur le sandwich du soir, la clim', le plateau du petit déj', l'attente pour descendre de l'avion, l'attente pour passer la douane, l'attente pour récupérer la valise, l'attente pour arriver à la gare, l'attente pour voir s'afficher le numéro du quai du train et la mauvaise odeur dans la rame du TGV.
J'ai retrouvé ma campagne. Et ma petite Bridget qui ressemble à un rat blanc famélique et hirsute, après deux mois passés à gambader dans la nature sans penser à manger et à dormir. A la télé sur TF1, il y avait Master chef, une adaptation française de l'émission que j'ai regardée plusieurs fois cet été "là-bas". J'ai passé la nuit à me réveiller en sursaut en me demandant dans quel aéroport j'étais en transit. J'ai aussi acheté trois places pour un concert d'Ella Fitzgerald au Lincoln Center, ce qui n'augure rien de bon pour ma santé mentale.
Je suis tombée du lit ce matin. Il fait beau mais froid. Il faut que je change les pneus arrière de ma voiture et que je trouve un chargeur de batterie neuf pour rallumer mon portable éteint depuis le 12 juillet. Il faut que je voie tous mes amis et toute ma famille. Il faut que je trouve un boulot.

Et je pense à tout ce que je voulais encore vous raconter sur New York, mais le coeur n'y est déjà plus. Les pourboires et les prix hors taxes, les belles dames africaines en boubou devant les salons de coiffure de Harlem, les patineurs de Central Park, les pizzas de chez Arturo, la vue depuis le Top of the rock du Rockefeller center, les tours d'ascenseur gratuits au Mariott de Times Square...

Je vais quand même essayer de me motiver pour vous donner quelques conseils d'ordre pratique, histoire de faire mourir ce blog en beauté.
Le bon plan du jour sera un peu trivial, mais j'ai eu tellement envie d'aller aux toilettes pendant le voyage retour que je ne peux pas vous quitter sans vous parler des pauses pipi de New York. Les toilettes publiques n'existant pas vraiment, la question se pose de façon récurrente plusieurs fois par jour quand on visite la ville.
Tous les sites touristiques, musées, grands magasins sont équipés bien sûr, mais on n'est pas toujours à côté de l'Empire State building, du MoMa ou de Macy's.
Pour trouver des "restrooms" ou des "bathrooms", les guides conseillent souvent les Starbucks coffee ; on peut y aller sans rien commander. Mais attention, certains, surtout sur les riches avenues de Midtown, en sont dépourvus et il y a souvent la queue. Moins référencées mais très efficaces, les toilettes des librairies Barnes & Nobles sont généralement situées à l'étage "enfants". Il y a aussi les Whole foods market, des sortes de supermarchés avec toute une partie "salad bar" et plats préparés en libre service, un repère pour manger à peu près sainement dans ce monde de hamburgers ; et donc avec des toilettes tout à fait accessibles.
Mais le mieux, c'est de repérer dans votre guide le palace le plus proche...et de pousser la porte. Hilton, Waldorf Astoria, Mariott et j'en passe, personne ne vous dira rien. Baladez-vous dans les halls dégoulinant de marbre et enfoncez-vous dans les moquettes épaisses, repérez les toilettes et allez-y. Sans rire. Faire pipi au Waldorf Astoria, c'est quand même la classe. La Trump tower de la 5e avenue est aussi très sympathique. Faites juste attention : toutes les portes à tourniquet avec groom ne débouchent pas sur des halls d'hôtels. Certaines sont des entrées de résidences privées ; ou de banques. Dans ces deux cas de figure, votre envie pressante devra attendre un peu !

Rajout de dernière minute : j'avais oublié le must. Aller faire pipi...dans un commissariat. Ben oui,là-bas les gens considèrent que c'est leurs impôts qui paient les "precincts", et que donc ils ont tout à fait le droit d'aller aux toilettes chez les flics. Personnellement je n'ai pas tenté, mais l'ami qui m'en a parlé a assisté à la scène et aucun "cop" n'est intervenu pour stopper la chercheuse de restrooms qui l'accompagnait. Si vous allez à New York et que vous tentez le coup, tenez-moi au courant...

mercredi 1 septembre 2010

Home, sweet home


Ce soir, je repars en France. J'ai un peu l'impression qu'en fait, j'habite ici et que je vais passer des vacances en Côte-d'Or. Mais je ne suis pas sûre que ce sentiment va persister longtemps... :-/
Pour autant je ne vais pas terminer ce blog abruptement, parce que j'ai encore deux ou trois choses à vous raconter et ça nous emmènera bien jusqu'au week-end.

Ma dernière chronique sur place sera consacrée à une jeune femme assez épatante qui s'appelle Stéphanie Calla.
Même si elle est née du côté belge de la frontière, Stéphanie Calla est française et a grandi en Meurthe-et-Moselle. Elle a travaillé dans la finance pendant 17 ans. Aujourd'hui, elle tient des chambres d'hôtes au 259 West, 132nd street à New York. A Harlem pour être plus précise.

Je ne vais pas entrer dans le détail de sa vie qui mériterait à elle seule un roman. Mais je veux vous parler de "La Maison d'Art" de Stéphanie, parce que je pense que c'est pour l'instant une des meilleures adresses pour effectuer un séjour à New York sans devoir faire un emprunt sur 10 ans. Le lien du site est dans la colonne de gauche, vous verrez qu'en partant à deux ou trois, ça vous coûtera moins cher que de prendre un hôtel... en France !

Propriétaire de son brownstone depuis 5 ans, Stéphanie Calla y a laissé beaucoup d'argent, placé beaucoup de rêves et vécu le pire. Maintenant arrive enfin le meilleur et elle le mérite amplement. Elle s'est retrouvée sans emploi il y a 2 ans, au coeur de la crise économique, criblée de dettes et avec un immeuble quasi vide lorsque ses locataires sont partis à la fin de leur bail.
Il y a des caractères qui reculent au moindre écueil, il y en a d'autres qui foncent droit dans la tempête. Stéphanie est plutôt de ceux-là. Après avoir logé pendant des années des New Yorkais ou des stagiaires en contrat dans la ville, elle a décidé d'accueillir les touristes et a investi le peu qui lui restait dans l'aventure. " J'ai oublié mes dettes. Je me suis détruite financièrement pour un moment", explique-t-elle. " Mais à mes yeux, ça valait la peine, il fallait que je prenne ce risque. En fait j'ai eu de la chance que tout cela m'arrive pendant la crise, parce qu'il y a eu beaucoup d'aides pour soutenir les petits créateurs d'entreprise et j'ai pu en bénéficier. Dans une période plus faste, peut-être que ce projet n'aurait jamais abouti."

Peu à peu, La Maison d'Art prend forme. Stéphanie soigne la décoration, individualisée, de chaque chambre ou appartement et peut compter sur un partenariat avec deux anciens locataires, des artistes qui exposent leurs toiles dans cette galerie inattendue. Elle se démène aussi pour organiser des "évenements" culturels une fois par mois environ. " J'ai envie que les gens viennent chez moi pour le concept, pour trouver cette touche artistique et cette décoration unique".

Mais la forme ne fait pas tout. Le fond est essentiel. L'âme de la Maison d'art se nourrit du dynamisme de sa propriétaire et de sa situation même, en plein coeur de Harlem.
Stéphanie Calla vit depuis 12 ans à New York et n'envisage pas d'accueillir des touristes du monde entier sans les informer sur la ville et ses habitants. " Je veux qu'ils séjournent ici comme des New Yorkais. Sinon, autant aller à l'hôtel. Je leur donne des adresses, je leur explique surtout comment fonctionnent les choses, à quoi ils peuvent être confrontés et comment ils peuvent réagir. Pour les Français et les francophones, c'est souvent un soulagement d'avoir affaire à quelqu'un qui parle leur langue et qui peut les guider. Mais je parle aussi un peu allemand, espagnol et italien...".

Et Harlem dans tout ça ? Des chambres d'hôtes dans ce quartier, il n'y en a pas tant. La réputation du "ghetto" fait encore parfois frissonner les étrangers - et même les taxis jaunes, qui préfèrent tourner entre Midtown et Upper East side !
" Je suis venue ici la première fois en vacances en 1990 et honnêtement, je n'étais pas fière... Puis je suis m'y suis installée en 1998 en famille. Je me suis prise d'affection pour Harlem, je suis très contente quand un projet voit le jour, quand on parle positivement du quartier. Il y a une grosse communauté africaine francophone, ce que j'ai beaucoup apprécié en arrivant, des restaurants super sympas... Ce que j'aime avant tout à Harlem, c'est le naturel des gens. Tout n'est pas rose, mais il faut aller au-delà des réputations. Et vous vous rendez compte que ceux qui vivent là sont comme vous...".

Donc voilà, comme vous vous en êtes certainement aperçu(e)s, j'ai été quelque peu rattrapée par mes antécédents journalistiques pour cette chronique. Je me désintoxique mais parfois, on ne peut pas éviter une rechute. Et puis ça en valait vraiment la peine. Je voulais vous donner au moins un bon plan "logement" à New York, je crois que je n'aurais pas pu trouver mieux. La Maison d'Art fêtera ses 2 ans en janvier et ne va pas rester confidentielle bien longtemps. Si vous cherchez une formule insolite, abordable, avec une foule de bons conseils, dans le super quartier de Harlem QUE J'AIME, n'hésitez pas une seule seconde.
Le site internet devrait évoluer dans quelques jours ou quelques semaines, gardez un oeil dessus !

mardi 31 août 2010

Go Yankees !





Je jure que de toute ma vie je n'ai jamais mis un pied dans un stade pour suivre un match de quoi que ce soit. Même quand j'étais journaliste.
Et me voilà, avec mon tee-shirt des Yankees et ma casquette des Yankees, hurlant dans le Yankee stadium au premier homerun venu. Il y en a eu plusieurs ce soir-là et les Yankees ont battu les Athletics d'Oakland 11 à 5.
Je suis en train de devenir une fan de baseball. Encore un truc qui va être bien utile en France, sur mon CV.
Je ne sais pas si on peut comparer le baseball au football européen (ici on dit "soccer"). C'est le jeu auquel tout le monde joue, le jeu du peuple, plus que le football américain ou le basket. Mais à part ça...

Les Américains organisent des World series de baseball ; des championnats du monde des Etats-Unis en fait, vu que hors frontières, seuls les Blue Jays de Toronto y participent. Alors pour corser un peu l'affaire, il existe deux ligues "majeures", l'American league et la National league. Ce sont les meilleurs de chacune des ligues qui s'affrontent pour le titre suprême.
Les Américains aiment les hymnes. Un match commence invariablement par l'hymne américain et tout le stade est debout, la main sur le coeur. Et c'est bien comme ça. Au milieu du 7e inning (manche), c'est le moment de "God bless America" et tout le stade se remet debout, toujours la main sur le coeur et c'est toujours bien comme ça, avant l'hymne officiel du baseball, une sorte de chanson à boire sympatoche et bon enfant. Je crois me rappeler qu'on a eu droit aussi à un bout de "YMCA" des Village People. Et quand la partie est finie, tout le stade debout (60 000 personnes) se vide au son du " New York New York" de Sinatra.
J'en déduis que pour les Américains, le baseball est un mélange de patriotisme, de ferveur, de partage et de fête. Les matchs de foot ont dû être comme ça à une époque ; il y a longtemps...

Les Américains aiment que les choses soient claires et nettes. On peut venir au stade et ingurgiter autant de litres de bière qu'on peut, mais au premier débordement, c'est un aller simple vers la sortie, sans discussion. Ca vaut aussi pour les insultes. Du coup, les spectateurs ne voient pas trop l'intérêt de se faire remarquer par le service de sécurité, discret mais apparemment très efficace.
Dans cette ambiance de kermesse de village - un grand village - les Américains vivent leur vie. Ils se lèvent pour aller se ravitailler en boissons ou en hot-dogs dans les contre-allées, ils discutent de tout et de rien, ils espèrent se voir sur l'écran géant pendant les coupures pub. Ils ont 6 ans et entraînent toute une tribune dans des "hip hip hip" en l'honneur de leur joueur favori. Ils ont 75 ans et fêtent leur anniversaire de mariage avec tout le stade. Ils ont 30 ans et sont venus enterrer la vie de garçon de leur copain. Ils sont des "elles", qui crient aussi fort que les mecs quand leur équipe marque un point. Ils sont blancs, noirs, jaunes, rouges, bleus, verts et le baseball fait partie de ce qu'ils sont.

Si on n'a pas grandi ici, on peut approcher le baseball, le respirer, le comprendre, l'apprécier voire l'aimer, mais je ne sais pas si on peut juste le vivre.
Je sens bien qu'il y a du marketing là-dedans. Et le dopage n'épargne pas les joueurs de baseball. Mais les Yankees, pour parler d'eux, construisent une légende décennie après décennie, où la mythologie se mélange à l'histoire. Etre un Yankee, c'est avoir un rôle à jouer dans la société. C'est donner les consignes de sécurité dans le stade sur le grand écran, c'est parrainer une association caritative, c'est porter toute la fierté des New Yorkais et c'est accepter d'être interdit de chocolat par le coach.
En 1939, Lou Gehrig, joueur immense mais éclipsé par le charisme de Ruth Babe puis de Joe di Maggio, dut prendre la décision d'abandonner sa carrière. Il avait découvert qu'il souffrait d'une maladie nerveuse dégénérative incurable. Le 4 juillet de cette année, il prononça un discours d'adieu devant un stade bondé : " Yet today, I consider myself the luckiest man on the face of the earth". Il se considérait comme l'homme le plus chanceux de la terre, parce qu'il avait été un Yankee pendant 17 ans. Il mourut en 1941. Dès 1942, Hollywood s'empara de ce scénario en or massif et en fit " The pride of the Yankees", avec Gary Cooper dans le rôle de Gehrig. Je le visionne dès mon retour en France.

On peut voir dans tout ça une exaltation exagérée pour un jeu incompréhensible et ennuyeux. Ou on peut se dire que le baseball coule dans les veines des Américains et on comprend pourquoi la mort du boss des Yankees, George Steinbrenner, le 13 juillet, a fait la Une ici pendant plusieurs jours. Et pourquoi j'ai essayé, gauchement, de vous parler dans cette chronique d'un sport qui est bien plus qu'un sport.

lundi 30 août 2010

Just a Martini, please


Pour boire le Martini on the rock le plus chic de votre vie, prenez la direction de l'hôtel Algonquin à New York.
Il est situé sur la 44e rue, entre la 5e et la 6e avenue. Il date de 1902, c'est un bâtiment pour ainsi dire historique. On a pu y croiser, à différentes époques, Douglas Fairbanks, William Faulkner ou Simone de Beauvoir. Autant dire que le simple fait d'aller boire l'apéro à l'Algonquin (sic), c'est déjà très classe.
Prenez juste votre carte master gold super extra premier, parce qu'ici, le Martini est à... 10 000 $.
A ce prix là, vous vous doutez bien qu'il est spécial. J'imagine qu'un Martini normal doit valoir un peu plus cher à l'Algonquin qu'ailleurs, mais 10 000 $, ça fait beaucoup plus que un peu plus.
Si vous vous décidez à payer le prix, avec une commande 72 heures à l'avance au minimum, vous pourrez donc siroter votre Martini au bar très select de l'hôtel. Avec glaçons. Et diamant.
Eh oui, c'est là le secret : le breuvage est servi avec un diamant au fond du verre. Une façon originale de faire sa demande en mariage ou de déclarer sa flamme. Je me demande combien d'amoureux, goujats ou distraits, se sont retrouvés seuls devant leur verre après avoir commandé un Martini "nature" à leur dulcinée...

samedi 28 août 2010

Fashion anthropology


Non, cette chronique ne vous donnera pas de bonnes adresses shopping à New York. Faire les boutiques, c'est pas mon truc et en plus je n'ai toujours rien compris aux tailles américaines. Mais en un mois et demi, j'ai eu le temps de saisir deux ou trois vérités, partielles et partiales, que je vais m'empresser de vous livrer, pour vous éviter la pire des humiliations : passer pour un(e) touriste...
Le plus important ici, c'est l'attitude. Vous pouvez bien porter un sac à patates avec des chaussettes à pois et un tuba, si vous avez la bonne attitude, ça passera tout seul et on viendra même vous complimenter pour votre audace et votre style. C'est subtil et difficile à définir, mais une chose est sûre : avec les yeux écarquillés et l'appareil photo en bandoulière, vous partez avec un sérieux handicap.

Si vous voulez quand même essayer de faire illusion, voici deux ou trois trucs qui pourront vous aider.
Pour les filles d'abord : la priorité absolue, c'est d'avoir les ongles peints. Ceux des mains et surtout ceux des pieds. Franchement, seules les touristes se trimballent les mains et les pieds à l'air, sans french manucure ou vernis flashy.
Deuxième point : oubliez ce foutu pantacourt. A New York, ça n'existe pas. Mixé avec des baskets ou des sandales ouvertes, c'est le meilleur moyen de foirer votre "cool attitude". Le duo leggings-tunique, incontournable en France, n'est pas plus répandu ici. Cet été, il fallait porter des jeans ultra-slim, des mini-shorts ou des robes ou des jupes au-dessus du genou. Bon, en fait, mettez ce que vous voulez, SAUF des pantacourts. Pour les dessus, les tee-shirts font partie de la garde-robe essentielle. Là encore, une seule règle : ne mettez pas celui avec " I ♥ NY"...
Par temps de pluie, foncez vous acheter une paire de bottes en caoutchouc, ici elles sont super jolies, colorées, avec des motifs, voire avec des talons. Et elles se portent aussi bien avec un pantalon qu'avec un tailleur haute couture. Trop hype.

Chez les messieurs, le touriste de base est généralement en short, sandales type birkenstock et sac à dos. Pour conjurer le sort, adoptez les jeans et les baskets (de préférence de marque et surtout immaculées). Pour le sac à dos... Ben, je sais pas moi, vous avez un sac à dos quand vous êtes chez vous ?
Evitez le maillot de votre équipe de foot. Investissez plutôt dans un tee-shirt à l'emblème des Yankees (il y a aussi les Mets à New York, mais bon, les Yankees, c'est les Yankees...). Profitez-en pour acheter la casquette assortie et surtout, n'enlevez pas les étiquettes adhésives qui recouvrent la visière (dessus et dessous) : là, vous êtes dans le coup.
Si vous êtes décidé à aller jusqu'au bout du total look, portez vos jeans à mi-cuisses, ou même plus bas.... Ici, les "baggy pants" ou "saggy pants" sont la marque des "bad boys" top cool des quartiers populaires. Vous marchez comme un pingouin, vous tenez votre pantalon et vous avez le caleçon à l'air (c'est un peu le but aussi), mais on a jamais dit que la mode devait faire dans le pratique. Après quelques recherches sur le Web, il semblerait que ces saggy pants imitent la posture des prisonniers, à qui on retire leur ceinture et qui se déplacent avec des chaînes aux pieds. A vérifier officiellement... En tout cas, depuis juillet, vous avez le droit de montrer votre derrière à New York. Un jugement a été rendu en ce sens, après qu'un policier a arrêté un jeune pour "préjudice porté à l'ordre public". Le juge a décrété que cette mode était certes totalement stupide, mais n'avait rien d'illégal...

Et voilà, avec tout ça, vous êtes parés. Homme ou femme, n'oubliez pas votre MP3 ou un journal pour paraître occupé(e) dans le métro, et faites éventuellement un tour chez votre tatoueur avant de venir ici, la bande dessinée sur la peau est beaucoup plus fréquente que le piercing à New York.

Pour terminer, je vous recommande, via mon ami Jacques, la rubrique vidéo de Bill Cunnigham sur le site du New York Times. "On the street" présente des photos des gens dans la rue, en s'intéressant à leurs tenues, chaque fois sur un thème différent (lien dans la colonne de gauche).

vendredi 27 août 2010

Real treasures



Juste en passant, parce qu'il y a tellement de choses dont je ne vous ai pas parlé et parce qu'il fait si beau aujourd'hui que j'écrirai pour de vrai une fois la nuit tombée...
Photo à gauche : un distributeur de billet un peu trash.
Photo à droite : pas sûre que les ventes de ce tee-shirt décollent avec une pub pareille !

mercredi 25 août 2010

Empire's end ?


Si New York a le goût de la commémoration et des musées en tout genre, c'est peut-être en partie parce que tout va très vite dans cette ville, je vous en ai déjà parlé. Alors que j'entame ma dernière semaine ici (et que je songe sérieusement à me faire prescrire des antidépresseurs pour survivre à ma rentrée bourguignonne...), je me dis que si je reviens un jour, j'aurai du mal à reconnaître Manhattan. Les nouvelles tours de Ground Zero auront poussé à la place de ce trou béant laissé par les twins towers. Juste à côté, le projet de mosquée, soutenu par le maire Bloomberg et par le président Obama, aura-t-il abouti après avoir tant divisé le pays ?

Et surtout, l'Empire State building sera-t-il toujours l'Empire State building ? Le monument en prend pour son grade en ce moment dans les médias, pour trois raisons totalement différentes.
L'une d'elles concerne la construction, à quelques blocs, d'une autre tour, quasiment aussi haute que le plus haut gratte-ciel de la city, à quelques mètres près. Sur la photo jointe (une projection), c'est l'immeuble au centre, qui prendrait place tout près de Penn station. Alors que la municipalité est plutôt pour et que la population s'en fout globalement, le "propriétaire" de l'Empire, Anthony Malkin, mène campagne sur le thème : " Ca va défigurer le paysage et faire du tort à la ville", sous-entendu : " Ca va faire de l'ombre (au propre comme au figuré) à mon gagne-pain." Eh oui, si King Kong avait eu le choix, lequel des deux monuments aurait-il escaladé ? A mon prochain séjour, peut-être grimperai-je dans la "Vornado tower", en jetant un coup d'oeil blasé à ce brave vieux Empire State, bien sympathique mais un peu ringard quand même...

Ou peut-être qu'à mon prochain séjour, l'ESB n'existera plus. Car la semaine dernière, la presse a révélé qu'on avait trouvé des "bedbugs" dans les vestiaires des employés, au sous-sol, si j'ai bien compris. Les "bedbugs", des punaises qui se fourrent dans la literie et les tissus en général, sont le nouveau fléau new-yorkais. Cet été, "l'épidémie" a pris de l'ampleur et un sondage a annoncé qu'un habitant sur 10 avait déjà eu affaire à ces bestioles. De grandes enseignes - Victoria's Secret, Hollister, Abercrombie - ont dû fermer leurs portes tour à tour pour des désinfections sévères et les particuliers racontent dans les journaux leur lutte vaine contre l'envahisseur. Le problème en effet est d'arriver à se débarrasser de l'ennemi, qui semble montrer une résistance peu commune aux traitements sensés le détruire. La solution radicale est de raser et de brûler... Pauvre Empire !

Les mauvaises langues attribuent ces "catastrophes" à une punition divine. Parce qu'Anthony Malkin, toujours lui, a refusé d'éclairer son monument en bleu et blanc demain jeudi, pour commémorer les 100 ans de la naissance de Mère Thérésa (contrairement aux propriétaires des panneaux lumineux de Times Square). Là encore, le monument emblématique de New York a fait les titres de la presse, s'offrant une publicité dont il se serait bien passé.
Mauvais karma...

lundi 23 août 2010

Je reviendrai à Montréal


Bon, ben voilà. Ca n'a pas été facile de garder le contact pendant ces quelques jours. Quelques jours justement, qui ne m'ont certainement pas suffi pour saisir l'esprit de Québec et de Montréal.
La première m'a déroutée par son côté à la fois familier et pourtant si étranger. J'ai eu le temps de visiter le vieux centre et les quartiers adjacents, j'ai passé deux nuits en résidence universtaire et j'ai mangé une poutine, ce plat "national" totalement immonde (des frites molles baignant dans une sauce brune avec du fromage caoutchouteux), auquel on devient pourtant rapidement accro ; surtout quand il fait -20 degrés.
La deuxième ne s'est dévoilée que de nuit et sous la pluie, pour des heures trop courtes. Elle a pourtant ma préférence, peut-être parce que j'y ai retrouvé un peu de New York. Les buildings du centre d'affaires, les rues du vieux Montreal, Chinatown, les artères commerçantes, les rues branchées, les secteurs résidentiels... Et le Jazz hôtel de la rue Saint-Hubert : 8 chambres, toutes différentes, un petit déjeuner gargantuesque et le sourire de la patronne (lien colonne de gauche).Trop décalée, pas dans le mouvement, je n'ai hélas pas capté ce qui fait l'essence même de cette province selon Jacques : la bonne humeur et la propension à faire la fête de ses habitants. Les clubs, les bars, les "boîtes à chansons", je les ai effleurés mais je ne les ai pas vraiment vécus.
Ca me donne encore plus envie d'y retourner, en prenant le temps. Chacun a son rythme pour découvrir un endroit, il devient clair que le mien est plutôt... lent ! Mon corps fatigué et impatient s'adapte en urgence au monde extérieur, mon coeur prudent s'imprègne peu à peu, le temps que la transfusion fasse effet.
Alors pour finir, une chanson d'amour...

"Je reviendrai à Montréal
Dans un grand Bœing bleu de mer
J'ai besoin de revoir l'hiver
Et ses aurores boréales

J'ai besoin de cette lumière
Descendue droit du Labrador
Et qui fait neiger sur l'hiver
Des roses bleues, des roses d'or

Dans le silence de l'hiver
Je veux revoir ce lac étrange
Entre le crystal et le verre
Où viennent se poser des anges

Je reviendrai à Montréal
Ecouter le vent de la mer
Se briser comme un grand cheval
Sur les remparts blancs de l'hiver

Je veux revoir le long désert
Des rues qui n'en finissent pas
Qui vont jusqu'au bout de l'hiver
Sans qu'il y ait trace de pas

J'ai besoin de sentir le froid
Mourir au fond de chaque pierre
Et rejaillir au bord des toits
Comme des glaçons de bonbons clairs

Je reviendrai à Montréal
Dans un grand Bœing bleu de mer
Je reviendrai à Montréal
Me marier avec l'hiver
Me marier avec l'hiver"

Robert Charlebois

samedi 21 août 2010

Un jour j'irai à Québec avec toi...


Juste un petit coucou pour vous dire que je ne vous oublie pas depuis Québec. Des petits soucis de connection m'ont empêchée de chroniquer en québecois hier et comme je m'apprête à repartir pour Montréal, mon prochain conctact avec un ordinateur ne se fera pas avant plusieurs heures. Peut-être même que pour vous, ce sera demain...
Pour l'anecdote, je vous balance ces quelques mots depuis l'écran d'un centre commercial. Eh oui, on trouve aussi de tout ici, même des ordinateurs en libre service (Mac en plus, ça rappelle des souvenirs).
Bon, là comme ça, je ne suis pas trop dans le mouvement. J'avais prévu un beau texte plein d'emphase et de joliesse hier soir, mais ce matin, je suis entre une boutique de chaussures et une voiture d'exposition de marque indéterminée, avec une musique de fond moche ; autant dire que ce ne sont pas les conditions idéales pour vous parler de Québec. Cela étant, c'est également ça, Québec : des centres commerciaux plutot immenses, où on parle le français en rendant la monnaie en dollars (canadiens).
Sinon, en bonne touriste qui a visité la ville en une journée un quart, je dirais que Québec est en pente, avec des banlieues très laides (la Bridget Jones qui sommeille en moi a pris le bus dans le mauvais sens hier...) et un centre-ville historique très beau. Le tout est assez déroutant je trouve. Une ambiance de province, une sensation d'Europe et de France dans l'architecture, cet accent qui fait passer les pires catastrophes pour de bonnes vieilles blagues. Sur les radios et dans les journaux, on met un point d'honneur à défendre la langue française. Dans les boutiques, tout est traduit, parfois mot à mot : le "shaken iced tea" est ici un "thé glacé secoué".
Le tout est émaillé de mots anglo-saxons, avec les codes de l'Amérique du Nord. Le Québec rime en France avec froid et neige, mais il règne ici une douce chaleur et le soleil brille, comme lors une belle arrière-saison en Côte-d'Or. On sait qu'on est dans un pays immense, mais ce centre de Québec, à la mode de l'Ancien Continent, vous donne envie d'aller acheter votre baguette de pain et vos croissants pour le petit déjeuner. Du coup, on sait pas si on est dépaysé ou si on est comme à la maison. Vraiment, très étrange...
Tout ça est un peu fouilli et ne présente que peu d'intérêt pour vous, alors j'arrête là mon verbiage et j'espère pouvoir bientot vous proposer une nouvelle chronique digne de ce nom, depuis Montréal !

mercredi 18 août 2010

New York against me


Désolée, cette chronique de début (milieu...) de semaine a pris un peu de retard. Mais il faut dire qu'hier, il y a eu fâcherie entre New York et moi. Alors bien sûr, je n'ai pas vraiment eu envie de m'asseoir devant le clavier pour parler d'elle, encore et toujours. La diva est charmante tant que vous avez pour elle les yeux de la passion. Mais quand la fatigue est là, que votre attention se relâche, elle est impitoyable. Si vous n'y prenez garde, elle vous aggripe, vous engloutit et vous digère. Vous vous retrouvez englué dans sa moiteur et plus vous vous débattez, plus elle aspire votre énergie.
Le secret pour résister, est de ne pas résister. Les New Yorkais semblent l'avoir compris, imperturbables devant les pièges quotidiens que leur tend la ville, prompts à réorganiser leur planing en fonction des aléas rencontrés. Jusqu'ici, j'avais bien pris le rythme. Mais hier, tout s'est déréglé.

Une erreur de calcul m'a fait croire que je trouverais encore à Times Square la statue géante du baiser de l'infirmière et du marin (je sais, cette phrase est obscure, mais cliquez sur le lien colonne de gauche, ça ira mieux). Au bout du compte, je n'ai vu ni le baiser, ni même ce satané naked cow-boy, dont je commence à penser qu'il s'agit d'une légende urbaine.
A partir de là, New York s'est emparée de ma frustration et a fait de ma journée un enfer. Elle a pris soin de me faire attendre le métro de (très) longues minutes à chacun de mes déplacements. Les kiosques à journaux, delis, vendeurs d'eau fraîche et de glaces auxquels on se heurte habituellement toutes les deux minutes ont déserté mon parcours. Elle a placé sur ma route hésitante des zones de travaux, qui m'ont fait faire quelques détours malvenus ; le seul chantier que j'ai résolument traversé m'a valu une cheville tordue dans les gravats (rien de grave heureusement). Je ne suis jamais arrivée à Brooklyn, ma destination du jour.
Après avoir épuisé mon crédit "marche" de ce mardi dans de vains allers-retours entre rues hostiles et métro inhospitalier, je suis rentrée à l'appartement pour me casser le nez sur la porte intérieure du hall. Cette porte toujours ouverte était, pour une raison mystérieuse que seule New York connaît, hermétiquement close. J'en aurais pleuré.
La ville a pris un malin plaisir à me faire tourner en bourrique tout l'après-midi. Et moi, trop bonne, je n'ai pas photographié ses homeless couchés sur les trottoirs, ses immeubles en ruines, ses tas de sacs poubelles à l'odeur âcre empilés au coin des rues. J'ai passé sous silence les faits divers sanglants, les débats enragés, les témoignages désespérés qui font la Une des journaux. Comme Dorian Gray, New York exhibe aux passants son visage lisse et souriant. Mais il n'y a pas à chercher bien loin pour trouver sa part de noirceur.

Bon, j'arrête là les réglements de compte. De toute façon, personne n'a jamais prétendu que les New Yorkais vivaient à Bisounoursland. Et une ville parfaite serait profondément ennuyeuse et absolument insupportable.
Allez, promis, je vais tenter une réconciliation cet après-midi. Et puis, quelques jours d'éloignement nous feront du bien à toutes les deux.
Car oui, les chroniques new yorkaises prennent l'air. Des vacances dans les vacances : je pars 4 jours à la découverte de Québec et de Montréal. Une brève rencontre, dont je vous ferai part dans ce blog si vous êtes sages...

dimanche 15 août 2010

The amazing flying numbers




Aujourd'hui, je vous propose une petite chronique qui pourra alimenter votre culture générale et vous permettre de briller en société ; ou pas.

Dans le cas d'une très sérieuse conversation concernant l'endettement des divers pays du monde et la crise économique, je vous incite à glisser mine de rien la Digital clock installée à Times Square (photo en haut à gauche). Elle compte la dette américaine, "vertigineuse ! D'ailleurs, quand elle a été installée en 1989, elle indiquait 2,7 trillions de dollars. Eh bien, figurez-vous que l'an dernier, on a dû rajouter une case, oui oui oui, pour les quadrillions !" Là, franchement, vous pouvez marquer des points.
Dans le cas d'une réunion écolo aux relents de CO2, vous allez caser très facilement le compteur du Madison Square Garden (photo en bas à droite). Peut-être que certains de vos interlocuteurs ne seront pas encore au courant, il ne s'intéresse aux rejets mondiaux de gaz à effet de serre que depuis juin 2009, à l'initiative de la Deutshe Bank : " Et encore, il ne transmet les relevés que sur 12 sites dans le monde entier, t'imagines...". Houlà, oui, très bien.
Si par hasard vous vous retrouvez à un cocktail de la confrérie des horlogers (ça peut arriver, d'ailleurs ça m'est arrivé...), étalez votre science en évoquant "cette oeuvre étonnante de Rudolph de Harak, sur Water street. Si, vous savez, elle indique les heures, les minutes et les secondes à partir de 72 carrés formant un immense panneau. Quand on pense qu'elle a été mise en place en 1971 !" (photo en bas à gauche, de Noel.Y.C). Bon, rien de transcendant dans cette conversation, mais si vous rajoutez d'un air pénétré : "Tempus fugit !", ça peut passer.
Et enfin, si vous atterrissez au milieu d'un aréopage de gens-qui-sont-allés-à-New-York, c'est le moment ou jamais de s'intéresser à la plus curieuse des digital clocks de la ville. Tous ceux qui sont passés à Union Square l'ont forcément vue, se sont forcément demandé quels étaient ces chiffres fluctuant sans logique apparente et ont forcément oublié de se renseigner en rentrant chez eux. Donc là, vous pouvez adopter un ton légèrement détaché pour rappeler qu'il s'agit d'une partie de la création " Métronome", commise en 1999 par Kristen Jones et Andrew Ginzel. C'est une vraie horloge, qui se lit de gauche à droite ET de droite à gauche. Par exemple sur la photo (en haut à droite), si on part de la gauche, on saura qu'il s'est écoulé 17 heures 55 minutes et 34,1 secondes depuis minuit. Si on part de la droite, il reste 06 heures 04 minutes et 25,8 secondes avant minuit. Le chiffre du milieu doit représenter des centièmes de secondes, mais ça bouge trop vite et ça ne sert à rien...
Et voilà ! Vous êtes fin prêt pour les dîners en ville ! Ou pour les parties de trivial pursuit à 4 heures du matin.

samedi 14 août 2010

Sounds of New York # 7

Alors celui-là, si vous venez à New York, vous n'avez pas fini de l'entendre. C'est une sorte de fond sonore permanent, à Manhattan en tout cas. Cela dit, pas facile d'en tirer des images ; car si une ambulance hurle toujours quelque part, elle ne passe pas forcément dans votre rue...
L'ambulance est le second élément de ma trilogie des sirènes new-yorkaises, après les pompiers. Reste à capturer désormais les hululements des voitures de police. Plus délicat, car quand elles passent à fond de train, il y a souvent course poursuite et on a pas vraiment envie d'être au milieu du terrain de jeu... Mais je m'accroche !

vendredi 13 août 2010

Men on the roofs


Bon. Alors. Comment vous dire. Aujourd'hui, trop marché, et trop bu vu ce que j'avais marché.
Mes neurones ont fondu. Même colmatée au pain de mie, j'ai le cerveau pâteux et les doigts gourds.
Autant de prétextes pour justifier le manque d'épaisseur de cette chronique, qui ressemblera plutôt à une photo légende,sur un sujet plus très frais, mais tant pis.
Depuis le mois de mars à New York, des hommes tentent de sauter du haut des immeubles, dans le secteur de la 5e avenue, entre le Flatiron et l'Empire State building.
Je vous rassure, il s'agit de statues, mais l'effet est saisissant. D'ailleurs lors des premières installations, le 911 (numéro d'urgence) a reçu des appels de citoyens affolés indiquant la position de ces suicidaires métalliques commis par l'artiste Antony Gormley. En tout, 31 statues ont été mises en place, sur les trottoirs ou en hauteur. Et seront enlevées à partir du 15 août. Désolée...

mercredi 11 août 2010

Rats in my head



Il fallait bien une moche journée pendant ce séjour. Elle est arrivée. Fatigue intense, début de migraine, tête vide, un coup de soleil en trop j’imagine… Mais je ne suis pas là pour vous raconter ma vie et comme on dit certainement à Brodway, "show must go on".

Mon New York à moi vit surtout la journée. Dans ce New York diurne écrasé par la chaleur vivent mes amis les écureuils. Le « squirrel » d’ici n’est pas roux mais gris. Et à l’inverse de son cousin européen craintif et discret, il a visiblement totalement intégré l’être humain dans son environnement. A Central Park bien sûr, mais aussi dans n’importe quel endroit pourvu d’arbres, il vaque à ses occupations, sans prendre ombrage des tentatives d’approche des touristes, ravis de pouvoir le photographier sous le museau.
Les New Yorkais, eux, sont attentifs à un autre rongeur, plus « underground » : le rat.
Le nombre de rats dans la ville est une réelle préoccupation pour les autorités, qui doivent bien sûr assurer la salubrité publique. Le sujet est aussi vieux que la ville elle-même. New York voit rat, pense rat et même, contruit rat. Sur le Graybar Building, une des entrées de Grand Central, trois rongeurs métalliques montent à l’assaut de tiges symbolisant des amarres de bateaux ; les rosaces un peu plus haut représentent aussi des têtes de rats.
Sur les poubelles, des messages incitent à utiliser correctement les containers pour éviter d’attirer ces nuisibles ; dans les parcs, des panneaux rappellent que nourrir les pigeons, c’est aussi nourrir les rats. Et depuis quelques jours, le sénateur de l’Etat de New York, Bill Perkins, fait distribuer des fiches demandant «Have you seen a rat today ?»(*). Elles concernent d'ailleurs le nord de Manhattan, à partir de Harlem.
Côté statistiques, c’est le flou total. Je n’ai pas réussi à vous trouver un chiffre certifié. La légende urbaine veut qu’il y ait autant de rats que d’habitants à New York, soit environ 10 millions. Mais certaines estimations parlent de… 96 millions ! A l’inverse, d’autres évoquent une population autour de 256 000 individus. De quoi glacer le sang, surtout si on commence à se demander où est tapie cette masse grouillante.
Car en ce qui me concerne, je n’ai -pour l’instant- croisé que quelques spécimens de taille tout à fait normale dans le métro, exclusivement en contrebas, sur les voies. Ni plus ni moins que dans un autre métro d’une autre grande ville. Cela dit, j’avoue ne pas avoir erré en pleine nuit dans les parcs et les rues situées à l’arrière des restaurants !
Je confesse donc n'être encore, pour l'instant, qu'une vulgaire touriste, pour qui New York est de façon évidente...la ville des écureuils.

(*)Photo du formulaire Joe Schumacher.
PS : pour ceux que ça intéresse (et ils ont bien raison), deux ouvrages de Robert Sullivan, disponibles sur amazon.fr. Le premier en anglais : "Rats - A Year with New York's Most Unwanted Inhabitants" publié en 2006 ; le second en français, co-écrit avec Catherine Laléchère : "Rats : une autre histoire de New York", paru en 2009 en format poche (Payot).

lundi 9 août 2010

Do you speak globish ?


Un mois à New York. Plein les yeux, plein les pieds aussi. Un début de routine, métro Uptown et Downtown, le salut de quelques voisins et commerçants du quartier quand je vais acheter le journal ou mes pancakes préférés.
Et une impression qui s'affirme de jour en jour : personne ne parle anglais ici. En tout cas, personne ne parle le même anglais. Mais tout le monde finit par se comprendre, ce qui tombe plutôt bien quand on possède comme moi trois mots de vocabulaire. A ce rythme-là, je parlerai moins bien anglais en rentrant que quand je suis partie. Mais je deviens forte en "globish", ou "global english", une sorte de sabir composé des mots de base et de quelques expressions idiomatiques.
Pour vous donner un exemple de mes progrès flagrants, en arrivant, dans la rue je demandais : "Excuse-me, can you tell me which side is the Hudson river, please ?" (pour les encore plus nuls que moi, ça devrait vouloir dire : "Excusez-moi, de quel côté est l'Hudson river s'il vous plaît?")
Ce à quoi on me répondait : " This way" ou " On the right" ou "Straight away".
Sur ce, j'enchaînais par un " Thank you" débordant de gratitude. Et mon interlocuteur (trice) terminait par " You're welcome".

Aujourd'hui, ça donne :
" Euh... Hudson river ?
- This way
-Thanks
- You're welcome"
Vous aurez noté l'appauvrissement pathétique de mes répliques, et la présence récurrente du " You're welcome". Ce "pas de quoi", ou "de rien" est indispensable pour se faire bien voir ici. D'ailleurs voici une des conversations-type que je maîtrise le mieux :
" Excuse-me...
- Sorry !
- You're welcome"

Encore plus court:
" Oh sorry !
-You're welcome"

Partant du principe que les New Yorkais viennent de tous les pays du monde et que même un gars du Bronx ne comprend pas forcément ce que dit un gars de Staten Island, la stratégie de survie consiste, à mon niveau, à repérer les mots-clefs dans la bouillie souvent exotique que me sert la personne en face. Exemples :

- " Doyawennwoswabagfjodself?" à la caisse d'un magasin signifie certainement qu'on vous propose un sac pour mettre vos affaires.

- "Doyawanaséprette?" avec mouvement de main peut vouloir dire, si vous êtes plusieurs à passer à la caisse, " est-ce que vous voulez des notes séparées?". Si vous êtes seul, aucune idée...

- "Ariouvuoipjweanmemberanitcardrouglown?" Toujours à la caisse,on vous demande si vous avez une carte de membre du magasin ; c'est bon signe, vous commencez à vous fondre dans le décor.

- "Américanechédasouissebloutchise?" Facile ! Vous êtes en train de commander un plat typique dans un restaurant-enfin, un burger dans un fast-food quoi- et le serveur vous demande QUEL FROMAGE vous voulez, dans un seul souffle : du plus insipide au plus fort en goût, american, cheddar, swiss (le plus proche du gruyère) ou blue cheese ("bleu" surement pas d'Auvergne).
En revanche j'ai encore quelques lacunes sur les "dressings", les sauces qu'on vous propose quand vous choisissez une salade. Au pif, prenez la blanche, c'est généralement à la crème et pas trop relevé.

Mais je pense que je serai au top quand je comprendrai les messages diffusés dans le métro le week-end. Car ici, le samedi et le dimanche, les rames du subway vivent leur vie sans s'occuper des passagers, s'arrêtent là où elles ne devraient pas, passent tout droit à l'arrêt principal ou empruntent carrément une autre ligne. Il y a des papiers affichés un peu partout pour signaler les changements mais ils sont totalement incompréhensibles. Alors, la différence se fait quand l'annonce survient. Il y a ceux qui, soudainement, se ruent hors du train. Et il y a les autres, pauvres touristes ou immigrés élevés au globish, qui hésitent entre suivre ceux qui savent et rester assis là, au cas où.
Il me reste trois semaines pour apprendre à bondir sur le quai...

dimanche 8 août 2010

Sounds of New York # 6

Après la caco-symphonie des cloches de la Highline, voici une vraie cacophonie, à laquelle vous ne couperez pas si vous allez faire un tour chez FAO Schwartz. Ce magasin de jouets fondé en 1862 doit être le plus vieux de la ville je crois. Il est installé sur la 5e avenue depuis 1931 et a failli disparaître en 2004.
A l'étage on trouve donc un clavier géant, sur lequel sautillent adultes et enfants à longueur de journée. La scène est peut-être vaguement familière à certains. Ce piano est devenu célèbre dans le monde entier grâce au film "Big", avec Tom Hanks, sorti en 1988. Mais l'interprétation de Hanks et de Robert Loggia était un peu plus harmonieuse... (lien sur la scène du film colonne de gauche)

vendredi 6 août 2010

Happy birthday mum ! ( Look at me, I’m famous)


Aujourd’hui c’est le 7 aout et c’est l’anniversaire de ma maman. Alors bon anniversaire ma maman, depuis un autre continent.
Pour partager avec toi ce jour spécial, je suis allée à Times Square, le Carrefour du Monde, fréquenté par tout le Monde, sauf par les New- Yorkais.
J’aurais pu te donner rendez-vous devant la webcam du magasin Friday’s, tu sais, je t’en ai déjà parlé, l’adresse internet est même dans les favoris sur votre ordinateur. Pour ceux qui ne connaissent pas, depuis quelques années, cette petite caméra avec vue sur Brodway et 46e rue a vu défiler des hordes de parents, d’enfants, de frères, de sœurs, de femmes, de maris, d’amants, de maîtresses, de potes et de meilleures amies, agitant les bras et envoyant des baisers à une personne en particulier, sous l’œil voyeur de la planète en général.
Mais c’était un peu compliqué, le décalage horaire ne jouait pas en notre faveur et je n’aurais pas su si tu étais de l’autre côté, devant l’écran.
Heureusement, Times Square hume les tendances et les expérimente aussitôt dans un flot toujours plus délirant de pixels.
En novembre 2009, la chaîne de vêtements American Eagle Outfitters s’est installée à la place de l’institutionnel dinner « Ho Jo », fermé depuis 2005. Elle s’est aussi dotée de la façade lumineuse a priori la plus importante du carrefour (1394 mètres carrés!), sans doute pour mieux attirer les touristes papillons.
Puis, pour les faire entrer et consommer, elle a trouvé une autre tactique, celle des « 15 secondes de gloire » : tout achat donne droit à un passage devant un photographe et à la composition d’une dédicace de quelques mots sur un ordinateur.
Mais on ne repart pas bêtement avec son tirage papier. Non, on ressort du magasin, on se pose en face et on attend. Quelques minutes plus tard, on se retrouve projeté au centre du Carrefour du Monde, immense sur la façade lumineuse, pour 15 secondes d’éternité.
Manque de bol, ce jour-là j’étais en noir et blanc, ce qui n’est pas génial sur un fond blanc et noir… Le message et le cœur y sont quand même, rien que pour toi ma maman. Et tous les flâneurs de Times Square. Et tous les lecteurs du blog.
Pour finir, je voulais signaler l’existence d’un autre écran pour Narcisses amateurs, toujours à Times Square et encore plus récent. C’est celui du magasin Forever 21 (toujours des vêtements) qui a ouvert fin juin 2010, à la place du Virgin terrassé par la crise. Cet écran-là retransmet en direct ce qui se passe de l’autre côté de la rue, grâce à une caméra planquée dans la façade. Et depuis quelques semaines, devant le très chic Marriott Marquis hotel, campe un troupeau de parents, d’enfants, de frères, de sœurs, de femmes, de maris, d’amants, de maitresses, de potes et de meilleures amies, agitant les bras et envoyant des baisers… à eux-mêmes.

PS : adresse de la webcam de Times Square dans la colonne de gauche

mercredi 4 août 2010

Stars and stripes



New York city a une propension assez incroyable à vouloir se souvenir. Dans le borough de Manhattan, les plaques et dalles commémoratives sont légion. On en trouve à l’entrée des églises, parce que la reine Elisabeth, le pape Jean-Paul II sont venus là. On en aperçoit sur les immeubles, parce qu’un artiste, un sportif, le bon docteur du quartier ont vécu là. On est cerné dans tous les monuments par des pans entiers de murs couverts des noms de généreux donateurs. On en a plein les yeux dans le hall du Madison Square Garden, dont le sol est formé d’une mosaïque d’ex-votos en tout genre. On est pris par l’émotion devant des centaines de cœurs en papier ou en céramique, de rubans ou de photos, accrochés sur une palissade au détour d’une rue, en hommage à un drame qui n’est pas forcément celui du 11 septembre. On s’attendrit à Central Park, devant les petites plaques métalliques apposées sur les bancs, aux messages parfois romantiques, parfois drôlatiques, souvent nostalgiques (7500 $ pour un banc de base, 25 000 $ pour un banc en bois rustique). On peut aussi avoir son pavé en granit ou en bronze à son nom, au bout de la grande allée du parc, si on fait un don pour sauver et entretenir les arbres (pour le granit, comptez 5000 à 25000 $, pour le bronze, 250000 $ et plus).

Sur les trottoirs, ces manifestations d’affection sont plus rares, mais elles existent. Los Angeles a son fameux «walk of fame ». New York, pour ce que j’en ai vu, a sa 135e rue, son Apollo Theater et son Canyon of heroes.
Les deux premiers sont – évidemment- situés à Harlem. Sur la 135e rue, entre la 8e et la 7e avenue, on croise de grandes figures du peuple noir, gravées dans le bronze : Malcom X, Marcus Garvey, David Dinkins… Devant l’Apollo, place au jazz et à la soul avec James Brown, Quincy Jones, Little Richard, Michael Jackson ou Aretha Franklin. Ma chère Ella a une plaque en chacun de ces deux lieux…
A la pointe de Manhattan, là ou débute Brodway, débute aussi le Canyon of heroes. Ici, point d’étoiles, mais de longues bandes inscrustées dans le ciment des trottoirs, rappelant tous les défilés donnés sur cette célébrissime avenue en l’honneur de personnalités aux profils variés. On y trouve pêle-mêle Charles Lindbergh, fêté le 13 juin 1927 pour son premier vol transatlantique en solitaire, le général Charles de Gaulle, président du gouvernement provisoire de la France, honoré à coup de serpentins et de confettis le 27 août 1945, ou encore les Yankees, portés aux nues le 10 avril 1961 pour leur victoire dans l’American League.
Le devoir de mémoire semble couler dans les veines de New York. Peut-être est-ce parce que tout va si vite dans cette ville au passé à peine composé ?

PS : pour adopter un banc ou un arbre de Central Park, lien sur le site du parc, colonne de gauche...

lundi 2 août 2010

Old good food blues # 2


Hier... J'ai bu un vin rouge californien. Un cabernet sauvignon, intitulé sobrement "Good boy cabernet", de la maison "Les Compagnons". L'étiquette représentait tout aussi sobrement un doberman.
Hautement improbable. Mais pas mauvais.
Ca aurait été dommage après tous les efforts fournis pour trouver le breuvage. Car ici, l'alcool est absent des delis et supermarchés de quartiers. A Harlem, les boutiques de "liquors and spirits' ressemblent à des prisons pour bouteilles. Tout est installé derrière d'épais barreaux et c'est le vendeur, lui aussi derrière les barreaux, qui vous sert votre commande.
Mauvaise pioche pour la touriste que je suis et qui a préféré partir à la recherche d'une "vraie" boutique de vins. Ca existe à New York bien sûr, car tout existe à New York. Il suffit de savoir où. J'ai misé sur les secteurs chics/in/branchouilles/pleins d'argent. Bingo. Le doberman, je l'ai adopté dans le quartier de Wall Street. Presque 19 $ quand même. Brave bête.

Aujourd'hui...Dans le New York Post, j'ai découvert "Ronnie". "Ronnie" est un dealer de sandwiches. On le contacte par SMS pour la commande et il livre au coin des rues ; un billet contre un "grilled cheese", vite fait, hop hop hop, sous le manteau. Tout cela est totalement illégal car "Ronnie", qui ne s'appelle certainement pas "Ronnie", n'a aucune licence l'autorisant à mener cette activité. Sachant qu'on trouve des burgers partout dans la ville, les siens doivent vraiment être exceptionnels. C'est ce qu'affirment en tout cas les consommateurs accros interrogés, qui n'en reviennent pas du croustillant et de la saveur de ce sandwich de contrebande. Le journaliste ne donne pas de numéro où contacter "Ronnie", qui ne tient pas recruter des policiers dans sa clientèle. Dommage, je ne pourrai pas tester pour vous.

Demain... Je vais regarder "Man versus food" à la télé. Je ne sais pas si le concept débarquera un jour en France. D'ailleurs je ne sais pas s'il y a un concept là-dedans. Pour résumer, Adam Richman parcourt tous les bouis-bouis d'Amérique pour relever des défis du genre "avaler 18 hamburgers sauce piquante d'affilée" ou "engloutir trois seaux d'ailes de poulet sauce barbecue en moins de 15 minutes". Bref, l'Homme contre la Nourriture. Dans le resto, les gens l'encouragent, il sue, il roule des yeux, il s'étouffe, mais la plupart du temps il gagne. Heureusement il y a une certaine dose d'humour dans la forme, mais le fond m'échappe toujours complètement. Vous pouvez aller voir par vous-même sur le site de la chaîne, www.travelchannel.com (*)
Et après, priez pour moi.

(*)Lien dans la rubrique "Deux ou trois petites choses".
Une fois sur le site, cliquer dans l'onglet "shows", puis sélectionner "man vs food" puis video.

samedi 31 juillet 2010

Sounds of New York # 5

Victoire !
Même s'il manque les deux premières secondes, un petit bout de " A bell for every minute"...à la soixantième minute. Je ne sais pas si cette oeuvre est pérenne ou cédera la place dans quelques mois à une autre création sonore, mais là, vous entendez par exemple les cloches et tintements divers du City hall (la mairie), de Battery park, du Waterfront museum, de la Julliard school, de Union Square, de Central Park, de la Saint-Paul chapel...

Ring the bells or not ring the bells, that is the question



Aujourd'hui est un jour spécial pour au moins deux raisons. D'abord, parce que depuis que je suis arrivée, c'est la première fois que je dois mettre une chemise à manches longues pour prendre le petit-déjeuner dehors ! Si ma nouvelle colocataire fraîchement débarquée de la tout aussi fraîche France trouve qu'il fait bien assez chaud comme ça, j'avoue qu'après trois semaines de canicule, ces tout juste 23 degrés C du matin me paraissent un peu légers...
Mais surtout, ce samedi est LE samedi de Chelsea ! La fille des Clinton se marie en grandes pompes dans quelques heures, je vous en ai déjà parlé. Unes des journaux, reportages en boucle à la télé, c'est l'événement du jour dans l'Etat de New York. Je félicite les journalistes américains qui, avec les quatre uniques informations dont ils disposent (le budget, la styliste de la robe de mariée, le lieu et les noms de trois invités sur 500), tiennent l'antenne sans faiblir depuis des jours.
Pour apporter ma modeste contribution à cette journée parfaite, j'avais donc décidé de faire sonner les cloches de toute la ville en l'honneur des jeunes mariés. J'ai même fait une vidéo, qui aurait dû figurer ici. Mais les dieux de l'informatique en ont décidé autrement. Fichier trop lourd, impossible à charger, et pas moyen de couper les quelques secondes superflues, pour régler le problème. Je viens de passer deux heures sur la question et la réponse est : il n'y a pas de réponse.
Ce son que je vous livrerai (peut-être) demain constitue un vrai patrimoine immatériel. C'est une création installée depuis quelques mois sur la Highline. Cette ancienne voie ferrée aérienne le long de l'Hudson, en cours de réhabilitation depuis l'an dernier, devient LA promenade fleurie suspendue à la mode et propose sur son parcours plusieurs installations artistiques, dont celle du new-yorkais Stephen Vittiello.
Le concept de " A bell for every minute" est simple : l'artiste a enregistré les tintements de 59 cloches à travers tout New York, celles des églises, celles des écoles, celles des bateaux... A chaque minute un son retentit dans le grand hall gris aménagé sur la voie. A la soixantième minute, toutes les cloches sonnent de concert.
J'espère que vous pourrez profiter dans les heures qui suivent de cette joyeuse cacophonie...

vendredi 30 juillet 2010

Old good food blues # 1


Tandis que je me dilue dans d'innommables journées de fainéantise, je me demande si mon régime alimentaire ne serait pas la cause de cette soudaine apathie. Enfin, régime, façon de parler.
Depuis que je suis arrivée, j'ai déjà croisé une pizzéria casher qui proposait des pizzas aux pâtes et des pizzas aux frites. J'ai aussi déjeuné dans un "dinner" où on m'a apporté une grande carafe d'eau avec un morceau de concombre dedans. Ce n'était pas une négligence grossière de la part du cuisinier, c'est juste que comme ça vous buvez de l'eau parfumée au concombre. Bon.
La nourriture est à la fois partout et nulle part dans cette ville. C'est un rêve pour une gourmande comme moi. C'est un cauchemar pour une gourmette comme moi. Il est à peu près envisageable de manger correctement chez soi, après avoir acheté par exemple des tomates et de la fausse feta au coût exorbitant, avec du jambon qui a depuis longtemps oublié ses origines. En y mettant le prix on peut même s'offrir une french baguette à la saveur improbable, quand on n'en peut plus du pain de mie. En revanche je n'ai toujours pas trouvé de fromage blanc ou de faisselle.Si quelqu'un a une info à ce sujet, j'achète.
A l'extérieur c'est une autre histoire. Restaurants cosmopolites, "marchés" plus ou moins bios, delis plus ou moins achalandés, les aliments vous sautent au visage, les photos des plats vous montrent des monceaux de viande et de frites enduites de sauce brune luisante et sur toutes les cartes, le nombre de calories est indiqué, même pour un thé glacé. Ordre du maire de New-York. Cela permet de constater qu'il est très difficile d'absorber quelque chose en dessous de 700 calories dans cette ville. Ca vient peut-être aussi du fait qu'une portion, ici, équivaut quasiment à deux en France.
Maigre (?) consolation, j'ai découvert avec bonheur que mes pancakes favoris, ceux aux pépites de chocolat, étaient moins caloriques que la jolie salade composée de la page 2 au I Hop, la International House of pancakes, à trois rues de chez moi...

mercredi 28 juillet 2010

The Nothing day


Vous savez quel est le comble quand on est en vacances à New York ?
Ne rien faire. Voilà. C'est dit. Grasse mat', brunch devant la télé, bronzette et chaise longue dans le jardin. La statue de la liberté sera toujours là demain, l'expo Matisse au Moma aussi et aujourd'hui, j'avais mal aux pieds. Je voudrais bien vous y voir, vous, marcher des kilomètres tous les jours en pleine canicule. A un moment donné, une pause s'impose. J'aurais pu aller la faire à Brighton Beach mais quand on manque de courage, on ne se cogne pas une heure et demie de métro pour aller à la plage.
Les journaux disent que juillet 2010, avec (pour l'instant) 16 jours au-dessus de 90 degrés F, est le mois de juillet le plus chaud de tous les temps à New York. On en est à 81.8 degrés F de moyenne, du coup on bat le record de 1999, établi à 81.4 degrés F.
Alors j'assume. Même si depuis quelques jours, l'air est plus respirable, cette chronique sera sans doute la plus mollement creuse et inutile de toutes mes chroniques.
J'ai eu beau dépouiller les tabloïds du jour, rien à faire. Des scandales politiques, des faits divers sanglants, des décisions de justice... Côté baseball, les Mets ont battu les Cardinals de Saint-Louis 8 à 2, mais les Yankees se sont faits ramasser 4 à 1 par les Indians de Cleveland. Bon.
Hum.
Ah si, quand même. Il y a un sujet que les journaux populaires exploitent jusqu'à la trame.
Samedi, Chelsea Clinton se marie. Bah oui, je sais, en France on s'en fout mais ici, c'est la fille unique d'un ancien président et d'une actuelle secrétaire d'Etat. Et surtout, elle en a tellement fait pour rester discrète que ça promet d'être la cérémonie du siècle.
Selon les sources, 400 ou 500 invités (dont la célébrissime présentatrice TV Oprah Winfrey, Barbra Streisand ou encore Steven Spielberg) sont attendus samedi à Rhinebeck, une bourgade de 4000 âmes au nord de Manhattan. Les spéculations sur la robe de la mariée, qui devrait être une création de la styliste Vera Wang, alimentent les rubriques people. Et c'est à peu près tout. Ah non, j'oubliais le budget : 3.3 millions de dollars... Pour le reste, aucun détail ne filtre, le déroulement de ce "wedding day" est classé secret défense. Dans le Daily News, un habitant de Rhinebeck, ville définitivement placée sous contrôle, témoigne : " Ce mariage est tellement secret que même les gens qui sont censés être au courant ne sont pas au courant. Vous auriez plus de chance de découvrir qui a tué JFK."
Bon, on espère quand même que le fiancé, dont personne n'arrive à retenir le nom (pour info, c'est Marc Mezvinsky) a été prévenu...

PS : remerciement spécial à Malcolm, icône féline du Nothing day.

lundi 26 juillet 2010

Higher and higher




Manhattan est une île. La question pour une île, c'est de savoir comment faire tenir dessus des trucs, des choses et des machins, sans se retrouver les pieds dans l'eau à un moment donné.
En fait, les New-Yorkais ont solutionné le problème depuis longtemps. Ce qui ne tient pas l'horizontale est installé à la verticale.
Bon, là, vous me direz spontanément " gratte-ciels ". Et je répondrai oui. Mais pas que.
Imaginez que vous ayez une voiture à Manhattan et que vous vouliez aller jouer au golf.
Tout d'abord, c'est une très mauvaise idée d'avoir une voiture sur l'île ; le stationnement est hors de prix et les places sont rares le long des trottoirs, tous les bons guides touristiques vous le diront. Mais ils n'évoquent pas les parkings en hauteur. Attention, je ne parle pas des parkings à étages où on tournicote pour trouver une place. Je parle de voitures empilées en hauteur, en plein air, dans des sortes de palettes géantes.
J'ai observé ces ensembles improbables à plusieurs reprises dans divers secteurs de la ville, espérant voir apparaître le propriétaire de la Mercedes, celle tout au-dessus et au milieu du tas. Mais rien, pas un mouvement. Du coup, je reste sur ma faim. J'imagine que si le type de la Mercedes arrive, ce sont les employés du parking qui lui sortent sa voiture, en bougeant toutes les autres. Si quelqu'un a une autre explication plausible, je prends. En attendant, je ne désespère pas d'assister au spectacle d'ici la fin de mon séjour...
Si on part du principe que la Mercedes est à vous, le temps qu'elle arrive au sol après le déplacement de 125 autres véhicules, vous avez largement le temps d'aller soigner votre swing sur le quai 59, le long de l'Hudson. Ici, on est pas loin d'avoir les pieds dans l'eau pour de bon. La zone a été réaménagée, elle offre promenades, boutiques et activités sportives variées, comme ce golf...à étages. Je vous accorde qu'on n'y fait pas de parcours, on s'entraîne juste à taper dans la balle, sur quatre niveaux tout de même. Le quai est emballé dans un immense filet, lui-même protégé par un grillage et à travers toutes ces mailles, on aperçoit les joueurs, certains à plusieurs mètres de hauteur, balancer des pluies de balles de golf.
Et parfois un club. De rage peut-être ; parce que leur voiture est bloquée au milieu d'une palette géante ?

dimanche 25 juillet 2010

Sounds of New-York # 4



De pire en pire niveau qualité de l'image. Je me prends pour un paparazzi planqué derrière les rideaux... Mais il faut dire que ce son-là se fait de plus en plus rare à New York et que je courais après depuis plusieurs jours. Je remplacerai cette vidéo par une de meilleure facture dès que l'occasion se présentera.
C'est la petite musique des camions Mister Softee, les camions à glaces qui ont envahi l'Amérique à partir de 1956. Dans les séries télé, c'est généralement là que le jeune Billy disparaît, enlevé par un quelconque sadique, pendant que la mélodie tourne en boucle. Brrrr......
Bon, plus sérieusement, on croise toujours beaucoup de camions Mister Softee dans Manhattan, mais ils ne sont plus à la fête depuis quelques années. Apparemment, le maire de New-York, Michael Bloomberg, a demandé en 2005 à la compagnie de faire des efforts pour limiter les nuisances sonores dans les rues de la ville. Les camions pouvaient toujours musicoter (néologisme, oui, je sais), mais uniquement en roulant. Dans les faits, aujourd'hui, les Mister Softee de l'île sont muets comme des carpes, en mouvement ou pas. Sauf à Harlem, où la résistance s'est organisée, et c'est tant mieux.

Sounds of New-York # 3

Quand la ville gronde, ça peut venir des profondeurs. Le métro est l'antre de la bête qui sommeille dans le ventre de New-York. Et un rugissement n'annonce pas forcément l'arrivée d'une rame sur votre quai...

Avec mes excuses pour l'aspect lamentable de mes vidéos ; j'espère écrire mieux que je ne filme.

samedi 24 juillet 2010

Help me lost my way


Sur l'île de Manhattan, mon très défectueux sens de l'orientation est mis à rude épreuve. Oui, je sais, quand on regarde le plan du "borough", on dirait une feuille de papier quadrillé. Les avenues coupent les rues à angle droit sur environ 90% de la surface. Il n'empêche : à la sortie du métro, c'est à droite ou à gauche ? Quasiment systématiquement, je prends la mauvaise direction et je parcours un bloc avant de m'apercevoir de mon erreur.
C'est ennuyeux lorsqu'on sert de guide-aguerrie-qui-est-déjà-venue-en-2007. Encore toutes mes excuses à Sonia et Emilie, que j'ai fait tourner en rond (ce serait plutôt en rectangle en fait, mais ça ne veut rien dire) un certain nombre de fois dans la ville. Heureusement qu'elles étaient un peu mieux équipées que moi niveau GPS, elles ont pu limiter mes errances...

Cela dit, les errances, ça peut être bien aussi à Manhattan. Rien de tel pour découvrir les quartiers, en se laissant entraîner par le courant et le feeling. Mais pour fonctionner, cette façon de procéder doit respecter une règle stricte : interdiction formelle de regarder le moindre plan, ou même de s'arrêter pour compulser un guide touristique.
Car au bout de 20 secondes maximum, vous entendrez " Can I help you ?" ou "Need some help?" Et là, devant vous, un(e) New-Yorkais(e) affable, les yeux remplis de bonté et un sourire compatissant aux lèvres, sera prêt (e) à vous emmener jusqu'à votre destination pour peu que vous preniez l'air désespéré du touriste égaré.
Ca marche absolument partout, dans le métro, sur la 5e Avenue comme dans les hauteurs de Harlem. La gentillesse et la serviabilité des New-Yorkais dans la rue sont hallucinantes pour la Française que je suis. Je pense avec consternation à tous les touristes américains perdus quelque part en France à cet instant même, plantés sur un trottoir avec leur carte incompréhensible (tous ces centres historiques pleins de petites ruelles tordues...), frôlés par des autochtones trop pressés pour leur accorder un seul regard.
Ca marche aussi lorsque vous demandez en premier. Depuis mon arrivée, pour les raisons évoquées au début de cette chronique, j'ai interpellé un nombre considérable de gens, des hommes, des femmes, des vieux, des jeunes, des noirs, des blancs, des en costume, des en tatouage. Chacun a pris le temps de s'arrêter, de m'écouter balbutier ma demande et de m'expliquer patiemment la direction à suivre.

Le seul moment où le doute s'installe dans leurs yeux, c'est quand vous répondez " I don't know" à la question " Where do you wanna go ?"
Car si vous voulez vous perdre, la moindre des choses est de ne pas savoir où vous voulez aller. Le concept a semblé échapper hier à cette dame, près d'une bouche de métro de Times Square, alors que j'hésitais entre deux destinations et donc deux stratégies différentes. J'ai vu passer dans son regard une brève lueur, entre inquiétude et incompréhension. J'ai essayé de la détendre avec un sourire et un " It's OK, no problem", je ne l'ai pas sentie rassurée pour autant et elle a vite continué son chemin, dans un demi-haussement d'épaules.
Comme Jacques me l'a fait remarquer, quand on vient à New-York, c'est pour travailler, pas pour se laisser porter par l'air du temps. Ma situation de vacancière longue durée ici a quelquechose de décalé, dans cette ville où tout le monde a un but, où tout le monde va quelque part.
Afin de laisser les New-Yorkais remplir sereinement leur mission de bons samaritains, je promets donc désormais d'avoir toujours une adresse à leur donner quand ils voleront spontanément à mon secours. L'errance n'en sera peut-être que plus belle...